jusqu’à l’effacement des mots | Reims 2oo4

“Le mot n’a qu’un sens ou deux et il garde la sonorité prisonnière. Qu’on brise la forme où il s’est englué et de nouvelles relations apparaissent.” Ghérasim Luca

Pour répondre à ce que le poète appelait “théâtre de bouche”— un travail de transgression des frontières formelles du langage, je voudrais explorer la transformation du sens et du sensible, grâce à une intervention plastique sur des mots-objets. Parcourir ce chemin au moyen de langages visuels, proposer un “théâtre de l’œil” en quelque sorte. C’est ainsi que Malte Martin introduit son œuvre “jusqu’à l’effacement des mots”. L’installation propose trois grandes projections. Sur le sol, entre nature et décomposition, des feuilles et de la terre odorantes font un tapis d’humus aux pas des visiteurs. Sur les écrans, des lettres atomisées explosent sur fond jaune dans une désintégration au ralenti extrême ; sur fond noir des mots affleurent, se composent pour former le terme “après-guerre” puis se désagrègent. Le troisième écran trace discrètement quelques mots blancs sur un sol jonché de tâches rouges, pétales ou chairs éclatées ? La musique, composée par Patricia Dallio s’inspire pour chaque boucle sonore de l’un des films. Musique de goutte-à-goutte, de murmures, de syllabes, de chuchotements et de phrases médiatiques coupées, de souffles et d’explosions lointaines, de fête foraine surannée, et d’instruments raréfiés… Les trois boucles se mixent entre elles, et composent une bande sans fin, accompagnant, se décalant, ou jouant de contre-sens avec les images.

 

  • partenaires

    avec le soutien de la DRAC Champagne-Ardenne

  • crédits

    conception: Malte Martin
    conseil artistique: Anne Nordmann

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